Honneur aux anciens combattants

Début octobre 2013 le Président de la République en visite en Corse a rendu hommage aux goumiers marocains qui avaient libéré l’Ile en 1944 ( comme les tirailleurs algériens qui ont libéré Marseille en 1945 )

Cette justice rendue je me suis rappelé que l’Association Raoul Kanazi avait, au Niger, dans le village de Dolbel, dont elle s’occupait, rendue, elle aussi, hommage aux anciens combattants de cette commune en organisant une cérémonie de remise de médailles commémoratives des différents pays où ils avaient combattu sous nos couleurs.

Cette cérémonie qui s’est déroulée en février 2008 en présence de la population, des autorités civiles et militaires fut solennelle et émouvante.

Ils étaient cinq : le caporal-chef Haroussa et les caporaux Morou,Salou,Mourvi et Dramane.

Anciens combatants

Ils ont tous servi entre six et neuf ans en Indochine au Maroc à Madagascar ou en Algérie dans les années 50/60.
A leur libération ils reçurent un petit pécule, une attestation des services et une médaille commémorative sur papier format A4 ! Ils faut dire que les militaires d’origine métropolitaine n’étaient pas mieux servis ! La république n’est pas généreuse.

Ils nous ont beaucoup aidé dans nos séjours à Dolbel en nous facilitant l’accueil des familles chez lesquelles nous passions la nuit ainsi qu’à la mission catholique, près du dispensaire, ou logeaient médecins et infirmiers.

Il faut savoir que ces nigériens étaient partis plus ou moins volontairement pour combattre avec l’armée française qui ,à l’époque, à peine sortie de la deuxième guerre mondiale était engagée en Indochine et gérait ses colonies nord africaines et subsahariennes, au total 18 pays, dont l’Algérie.

La tâche était lourde et il fallait des hommes pour la remplir !

En 1940 les soldats français, emprisonnés en Allemagne, faisaient cruellement défauts. On a donc fait appel aux africains comme cela avait été le cas en 14/18 et il en fut de même dans la lutte pour les indépendances des pays africains à partir de 1945 en Indochine pour commencer.

Ils ont donc quitté leurs douars, mechtas, raïmas pour se retrouver, après un bref passage au camp de Fréjus, dans les tranchées boueuses de la Marne et plus tard dans les rizières tonkinoises dans des guerres dont ils n’avaient aucune idée et pour lesquelles ils n’étaient pas faits ni préparés.

Adieu soleil, sable, chaleur, familles et amis!

Nombreux sont ceux qui ne revinrent jamais.

A notre retour de Dolbel je rendis visite au général Ali Sébou, mon frère d’armes et camarade de promotion, ancien Président de la République du Niger de 1987 à 1993. Invité à un méchouis je me rendis à Oualam son village natal ou je lui fis le récit de notre cérémonie de Dolbel, il me félicita vivement et nous offrit sa protection. Pour clore ma visite je lui remis, en toute intimité, la même médaille que les chibanis de Dolbel médaille qu’il avait bien mérité et que la France avait omis de lui remettre.

Médailles des anciens combatants

Sa bénédiction s’étendit sur toute notre association.

L’Association Raoul Kanazi a donc rempli son devoir de mémoire. Tant d’anciens combattants africains auraient mérité ces médailles, souhaitons donc que d’autres ONG se comportent comme nous et qu’ils s’empressent de nous imiter.

Le vice président de l’association :
Colonel (R) Jean-Charles MALBURET